L’acceptation de soi, de sa culture, de sa différence. Voilà le grand thème de Oh, Achouka!, un album jeunesse par Wanda Jemly.
« Il s’agit d’une petite fille noire d’origine africaine dont les parents ont vécu quelque temps en Occident et qui sont retournés en Afrique », dit Jemly, une écrivaine établie à Vancouver depuis une dizaine d’années. « Cette petite fille n’accepte pas d’être Noire, d’être Africaine. Elle refuse tout ce qui a trait à son africanité, sa peau noire, le pagne, la façon de manger avec ses doigts. »
Un jour, Achouka entend une voix qui lui demande pourquoi être Noire, être Africaine, l’embête. Elle dit que si elle avait la peau blanche, elle serait belle, car dans son entourage, sa Tata, sa tante, qui a la peau claire est reconnue belle.
« Elle va atteindre son rêve, elle va devenir blanche », dit Jemly. « Le problème, c’est qu’elle a oublié que ses parents ne vont pas la reconnaître, elle n’est plus noire. Elle veut être blanche, mais elle aime ses parents qui sont noirs, alors c’est un peu son histoire. »
D’où vient l’idée de ce conte jeunesse? « Ça vient du fait que je suis née au Cameroun, que j’ai passé le temps de mon adolescence en Suisse où j’ai fait mes études et commencé ma vie d’adulte, et que je suis maintenant ici au Canada », dit Jemly. « J’ai vécu dans beaucoup de cultures différentes et en fait, il a fallu que je devienne très, très vieille pour savoir que je suis bien comme je suis! »
Conteuse jeunesse passionnée, animatrice et auteure, Wanda Jemly retourne régulièrement en Afrique pour produire sa série Raconte à Wanda Jemly, qui est à sa troisième saison à TV5 Monde. « Bizarrement, en retournant en Afrique, j’ai trouvé que beaucoup, beaucoup d’enfants n’aiment pas leurs origines, n’aiment pas leur être, tout simplement », dit-elle. « Et ça n’a rien à voir à ce qu’on soit riche, qu’on soit pauvre, on arrive à avoir un mal-être quelque part et on ne sait pas d’où ça vient. »
Jemly est née dans un pays où l’enfant n’a pas le droit à la parole.
« Quand j’ai eu cette chance – pour moi je vois ça comme une chance – d’écrire, de pouvoir me faire lire par des enfants, c’est comme si je suis en train de me guérir moi, de quand j’étais enfant », dit-elle.
Jemly croit que si on expliquait les choses aux enfants, ça éviterait énormément de souffrances. « Les enfants m’appellent Tata Wanda. Mon rôle, c’est d’apporter des sujets à discuter, des sujets pour lesquels je n’ai pas toujours les réponses. J’essaye d’amener un sujet à la réflexion et si on peut à la discussion avec les enfants. »