Le petit bruit du poème est le premier recueil de poésie de Laurent Poliquin publié chez aux Éditions du Blé, sa plus récente de 20 œuvres y compris une dizaine de recueils antérieurs. L’auteur né à Trois-Rivières, Québec vit, écrit et enseigne au cœur de Winnipeg.
La structure singulière du recueil propose quatre long poèmes aux titres évocateurs : « Le petit bruit du poème », « Jardin des reflets », « Ô toi souveraine souvenance » et « Art poétique de nos relations ».
« L’organisation structurelle se met en place par étape », dit Poliquin. « D’abord au fil de l’écriture, mais aussi après coup. Souvent, mon écriture part dans une direction; l’unité d’un ensemble de poèmes est alors plus facilement repérable. Au fond, j’essaie d’identifier des thèmes, mais j’essaie de maintenir aussi une sorte de suspense, une tension, notamment pour parvenir à une finale relevée. »
Dans cette réflexion sur le potentiel et les limites de la poésie, la vie et la mort se côtoient comme des sœurs. Les adeptes de ce poète retrouveront dans Le petit bruit du poème une sensualité toujours riche et vive, un brin d’exaspération pandémique et une fraîcheur éveillée ouverte sur le monde.
« C’est clairement une œuvre inscrite dans l’expérience des temps présents », confie l’auteur. « Ce n’est pas du tout un livre qui parle de la COVID, mais à toute évidence, mon rapport à la poésie a été bousculé par la pandémie. J’ai écrit des poèmes avec une sorte d’urgence et un désir profond de travailler le langage, de trouver du neuf, comme si la possibilité d’écrire pour la dernière fois de ma vie m’avait été offerte. »
Les témoignages en prose poétique de la fin du recueil sont en quelque sorte un clin-d’œil au Poliquin essayiste et philosophe. En effet, Art poétique de nos relations émet des questionnements et des constats particulièrement révélateurs sur cet « art sérieux de la légèreté du monde », par exemple : « La poésie serait même la seule voie possible à Dieu d’exister, du moins à ceux qui en éprouvent une émotion, alors qu’Il a le silence facile. L’ultime achèvement du poème serait de faire pleurer les morts. »
Et alors, quel est, justement, le petit bruit du poème?
Poliquin répond, « Je crois que c’est surtout ce qui ne fait pas toujours du bruit – la misère, les larmes, les malaises intérieurs, le sang qui coule – mais aussi ce qui fait grand bruit : le silence. »