De courts textes écrits en français avec un léger accent anglais

Pierrette Requier : capter le passé et le parler francophones du nord de l’Alberta

Petites nouvelles du Last Best Ouest est un livre écrit en français avec de l’anglais dedans. Pourtant, le nouveau recueil de poèmes de Pierrette Requier est plus que ça. Beaucoup plus que ça.

Au début, il y a details from the edge of the village, publié par Frontenac House en 2009 : « un livre en anglais avec du français dedans ». Requier a été inspiré par un livre de l’auteur latina-américaine Sandra Cisneros. « Elle y mettait des expressions espagnoles. Elle écrivait l’anglais avec un accent espagnol!

« Ça m’a donné un modèle pour arrêter d’essayer de séparer mes deux langues parce que, en moi, les deux langues se parlent constamment. edge of the village et Last Best Ouest, les deux, sont écrits en dialecte du nord de l’Alberta. »

C’est durant des lectures publiques comme poète officielle de la ville d’Edmonton (2015 à 2017), et aussi lorsqu’elle produisait l’événement francophone du Festival de poésie d’Edmonton pendant sept ans, qu’elle a commencé à traduire, ou plutôt à adapter, ses poèmes.

« Je m’étais donné comme objectif – que ce soit à Edmonton ou à travers le Canada – de présenter dans les deux langues également, pour commencer à créer ce sens que nous les francophones hors Québec, on doit avoir une présence et on ne doit pas s’excuser pour notre français », dit Requier.

Pour la quatrième de onze enfants nés et élevés à Donnelly dans la région de Rivière-la-Paix, traduction égale adaptation, voir même re-création. « Quand j’ai commencé à traduire en français, j’ai découvert qu’il y avait des choses qui ne se traduisaient pas. Alors cela veut dire qu’il y a des poèmes uniquement en anglais dans le recueil en français », dit-elle.

Pierrette Requier
Pierrette Requier

« Quand j’écrivais en français, je devais aller dans une strate beaucoup, beaucoup plus profonde en moi, et c’est là où j’ai pu écrire au sujet de ma vie de famille, mais aussi de l’impact intergénérationnel de l’immigration. Étant enfant d’enfants de pionniers et pionnières, il y a eu cet impact sur moi, écrivaine de l’Ouest, francophone, et dans le fin fond, bi-langue, bilingue. »

Qu’est-ce qui caractérise les 90 petites nouvelles du recueil? « Ce qu’il y au fond de ce recueil, c’est une tendresse », dit Requier. « Quand j’ai présenté à Donnelly, c’est comme si les gens, ces gens de la terre, entendaient leur parler et leurs histoires.

« On me dit : c’est comme si tu avais capté mon passé, capté la façon dont on vivait. Tolstoy disait : si tu veux me parler de l’universel, parle-moi de ton village. C’est un peu ça que je fais : les gens me disent, c’est de la poésie, ça? Et je leur dis, laisse-moi t’en lire quelques uns. »